Selon un rapport de Michel Forst, Rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, publié le 28 février 2024, le niveau de répression politique, policière et judiciaire contre les défenseurs de l’environnement, dans plusieurs pays européens est alarmant. Ecouter.
En vertu du droit international des droits humains , la désobéissance civile est reconnue comme une forme d’exercice des droits à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique, garantis respectivement par les articles 19 et 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Les protestations pacifiques peuvent prendre de nombreuses formes et, dans la plupart des cas, ne constituent pas de la « désobéissance civile » (puisque la désobéissance civile implique un acte de violation délibérée de la loi). Cependant, tous les actes de désobéissance civile sont une forme de protestation et, tant qu’ils sont non violents, ils constituent un exercice légitime de ce droit. (…)
Un discours médiatique et politique qui stigmatise les défenseurs de l’environnement :
ce rapport a notamment permis d’observer que les défenseurs de l’environnement, y compris ceux qui participent à des manifestations pacifiques et à la désobéissance civile, sont de plus en plus souvent présentés sous un jour négatif dans les médias et par des personnalités politiques. Ce discours, non seulement désobligeant mais aussi souvent diffamatoire, contribue à mettre en danger les défenseurs de l’environnement. C’est également l’un des éléments utilisés pour justifier leur répression. En France, c’est le cas quand le Ministre de l’Interieur Gérald Darmanin parle “d’éco-terrorisme”. Qui plus est, en dissuadant les citoyens et citoyennes d’exercer leur droit fondamental de manifester par crainte d’être traités comme des criminels, le discours négatif a un impact sur le bon fonctionnement de la démocratie.
Les défenseurs de l’environnement qui participent à des actions pacifiques de protestation et de désobéissance civile sont plus souvent poursuivis et font l’objet d’accusations de plus en plus graves. Les mouvements environnementaux pacifiques sont également ciblés en tant qu’organisations criminelles. C’est aussi le cas en France lors des manifestations à Sainte-Soline. Lire
Vous avez dit « écoterrorisme » ?
Au lendemain des manifestations organisées contre les mégabassines à Sainte-Soline, en octobre 2022, puis en mars 2023, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin clamait droit dans ses bottes que les méthodes « d’une grande partie des manifestants violents » relevaient purement et simplement de « l’écoterrorisme ». « N’ayons pas peur des mots », insistait le ministre, n’hésitant pas lui-même à jouer à la fois sur les mots et sur les peurs. À quoi ce concept « d’écoterrorisme » fait-il référence exactement ? C’est loin d’être aussi clair que voudrait faire croire M. Darmanin (…)
Outre le ministre de l’Intérieur, le mot « écoterrorisme » a été repris par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Le même ministre qui a décidé de suspendre le plan Ecophyto (qui visait à réduire l’usage des pesticides) ou qui a promis récemment à l’agro-industrie la construction d’une centaine de mégabassines en s’affranchissant « de certaines difficultés locales » (et en balayant d’un revers de la main les recommandations de nombreux·ses scientifiques opposé·es à ces infrastructures). Il est aussi repris par l’extrême droite qui plaide pour une politique autoritaire et répressive. Lire
La mobilisation des agriculteurs partout en France prend un peu plus d’ampleur chaque jour et les actions sont montées d’un cran avec notamment des pneus incendiés devant la préfecture d’Agen mercredi devant des CRS impassibles. Dans la Vienne, les agriculteurs ont aspergé la préfecture de lisier, à Poitiers et à Carcassonne, un immeuble de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), vide et en travaux, a été soufflé par une explosion.
Ces actions n’ont pas été condamnées par le gouvernement et le ministre de l’Intérieur a donné des consignes de « grande modération » aux préfets, en leur demandant de ne faire intervenir les forces de l’ordre qu’en « dernier recours ». « On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS », a aussi estimé Gérald Darmanin ce jeudi soir dans le 20h de TF1. Cette clémence, qui appartient à « une longue tradition » selon des spécialistes, est dénoncée par les oppositions. Source
Plusieurs écureuils, quant à eux, ont dû comparaître devant les tribunaux de Castres et de Toulouse, notamment pour s’être enchaînés à des machines d’abattage. « On a l’impression que la justice ne s’opère pas de la même manière », se désole le référent du Vaurais. Lire
Paul Watson, le défenseur des baleines arrêté. en savoir plus